"Le recueillement du monde" : du 8 novembre au 2 décembre 2017

Une histoire de rencontres

Je ne suis pas un artiste, mais les arts font partie de ma vie. Rien que de banal. L’histoire de la littérature moderne regorge en effet de ces complicités fameuses qui mettent en résonnance l’univers des poètes et celui des peintres : Mallarmé et Manet, Tzara et Arp, Cendrars et Fernand Léger, Aragon et Matisse, Jean Genet et Giacometti, etc. Ces complicités prennent généralement la forme de livres, parfois somptueux, mais parfois somptueusement modestes. Yves Peyré, du temps où il était directeur de la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, a nommé cela, et à juste raison, des « livres de dialogue ».

Depuis mes premiers poèmes publiés, dans la deuxième moitié des années 1970, ma curiosité des arts plastiques a été constante. Des amitiés sont nées. Et c’est ainsi qu’au fil des années, se sont construits livres d’artistes, livres de bibliophilie et, tout simplement, livres illustrés, mariant mon imaginaire littéraire avec la quête esthétique de mes amis plasticiens.

Il se trouve que le premier poème que j’ai publié dans une revue littéraire de dimension nationale est sorti, en décembre 1976, dans Exit, une revue de poésie très attentive aux arts plastiques. Il se trouve que le directeur de publication de la revue Exit se nommait Jean-Marie Gibbal. Il se trouve que Jean-Marie Gibbal, poète et ethnologue, mort bien trop prématurément, était le cousin de François Calvat. Il se trouve que, quarante-et-un ans plus tard, c’est avec François Calvat (et l’aide précieuse de Jean-Luc Aufradet, alias Agne) qu’a vu le jour mon nouveau livre de poésie, Le Recueillement du monde.

Par la grâce de François Calvat, Le Recueillement du monde n’est pas un simple livre, c’est une œuvre d’art, c’est un livre-objet. Il concrétise l’amitié qui s’est lentement forgée entre François et moi — amitié pudique, mais attentive amitié. Car voilà… Un livre de dialogue, pour être réussi, c’est-à-dire pleinement « dialogué », doit être le résultat d’une maturation : le temps qu’il faut, pour qu’une entente, une intelligence entre deux sensibilités, se fasse jour. Le temps qu’il faut, pour que la rencontre humaine ait lieu, véritablement. Cette exposition raconte une trentaine d’années de rencontres. Le plus souvent, ces rencontres ont pris la forme de livres. Puisque, si l’on veut bien y regarder, tout finit toujours par des livres.

Jean-Louis Roux

Voiron, le 9 novembre 2017